Dichotomie dominicaine ( 2020/2023 )
Dans son plus récent opus, Dichotomie dominicaine, Lemire nous entraîne vers les terres de quelques-un.e.s des esclaves modernes de notre civilisation. Le principe n’est ni nouveau, ni limité à un seul pays ; il a cours partout, même dans les grandes démocraties telles que le Canada : exploiter les plus vulnérables de la société pour faire croître son économie. C’est ainsi que dans l’île hispanophone des Antilles, Haïti et la République Dominicaine se complètent : la première, se heurtant à la misère et à la pauvreté d’une indépendance jamais vraiment achevée, offre à la seconde une main d’œuvre à bon marché en échange de « sécurité ». Répété depuis des décennies, le manège verse, au tournant des années 2000, dans le kafkaïen : les enfants nés en territoire dominicain ne ne peuvent pas obtenir la nationalité dominicaine si leurs parents sont en « situation de transit ». Or, on les maintient dans cette situation dite irrégulière alors que leur travail au profit de la République Dominicaine est, lui, des plus réguliers. Catégorisation des descendant.es.s Haïtien.ne.s par le tribunal constitutionnel dominicain, lourdeur administrative, répression et déportation une fois le travail accompli : tout est mis en œuvre pour refuser à une population son droit du sol (jus soli), comme si le corps humain rejetait l’un de ses propres organes.